vendredi 19 décembre 2014

Point Philo #1



De ce que nous théorisons par l’échelle peut découdre un ensemble d’algorithmes de pensées subsidiaires. Ainsi utilisons-nous ces degrés de grandeurs pour la cartographie, la physique ou la sociologie, de ce que la cartographie permet de définir des territoires, la physique de l’étude des astres jusqu’à l’infiniment petit du quantique ou la sociologie une démographie.

Mais ce que ces échelles ont de plus fascinant réside dans ce pour quoi elles existent. C'est-à-dire par là qu’elles permettent d’attribuer un ordre de grandeur à un système donné, sans en changer la forme ni le fond, mais en modifiant simplement la façon dont est perçu chaque élément par un observateur. C’est de ce système et de l’ensemble des éléments dont il sera question ici. Me permettant ainsi d’avancer deux choses, la seconde découlant directement de la première, que l’on prendra soin de bien séparer, afin que la différence nous permette de concevoir le globalisme comme un mode de pensée et non une fatalité. 

D’une part, parce qu’elle donne la vision d’un système comme étant la résultante d’une succession de strates élémentaires – donc résultat d’une succession d’évolutions – d’autre part, puisqu’il s’agit ici d’étudier lesdites évolutions pour en interpréter une notion de contrôle sur le système en son état.

Car il s’agirait ici de considérer qu’il existe une lutte, et que donc cette lutte doit être, au mieux, endiguée, au pire, maîtrisée. Le combat idéologique de notre époque n’étant non pas le capitalisme contre le communisme, le crime contre la loi ou encore la paix contre la guerre, mais bien le global contre le local. Autrement dit : le libéralisme contre le collectivisme.

Nous partirons du postulat que le choix entre la petite échelle ou la grande n’est pas une résultante de l’ensemble (ou d’un ensemble) d’autres méthode d’application d’une théorie mais bien une origine commune à toute autre application ne serait-ce que fractionnaire de la mondialisation. D’ailleurs, considérer la chose nous permettrait d’extrapoler et avancer un archétype du globalisme : La mondialisation n’est ni une affaire de siècle, ni une création imputable à l’homme, elle est atemporelle et universelle.

Penser détenir le monopole de la mondialisation, c’est s’accaparer une dynamique non-inhérente à notre mode de vie et même indépendante de notre conceptualité. En effet, une telle dynamique se retrouve dans n’importe quel autre système pouvant être pris pour exemple. A commencer par les astres eux même. La planète Terre, pour garder cette image de mondialisme plus parlant, est le symbole même de cette mouvance. Assemblage de gaz et de poussière, il serait presque impensable d’admettre que cette sphère au cœur solide, il y a près de 4,5 milliards d’années, fut aussi éparse que pouvait l’être un nuage de poussière.

En quoi cela peut-il nous servir ?

Avec cette approche, nous serions tentés de généraliser ce dispositif à n’importe quelle autre image. Encore faudrait-il choisir les bonnes images. Je m’efforcerais donc de trouver les meilleures métaphores afin que le propos soit le plus compréhensible possible. Ainsi, les galaxies peuvent être également prises en exemple. Immenses amas d’étoiles se rassemblant en des points définis, rendant plus structuré et plus visible ce qui, seul, serait difficilement visible et moins existentiel. Retenez ceci : L'on voit plus difficilement une étoile qui brille parmi tant d'autres autant que l'ensemble des étoiles brillant autour de celle-ci se voit plus facilement qu'elle si ladite étoile figurait seule.

C’est l’image même d’une globalisation. Car l’on ne pense pas à ce qui compose cette galaxie tant que l’on ne pense pas à observer son intérieur. Ce qui en ressort n’est autre qu’une image de spirales et d’anneaux tournant autant d’un point central. Point représentant ici le centre commun du système observé. Autrement dit, le responsable de cet assemblage est gravitationnel ; la galaxie est une mondialisation d’étoiles.


Il serait cependant vain de considérer que cela puisse s’appliquer systématiquement à la galaxie. Là étant le défaut de la métaphore, il est important de considérer non pas la valeur des choses mais que cette valeur même est issue de l’ensemble assemblé de ces choses. De même qu’il ne s’agit pas d’une lutte entre individu et système, mais d’une mouvance – ou plutôt un mouvement dans le temps et, mais pas forcément, l’espace – de l’individuel vers le systémique.

Puis, et c’est là tout l’intérêt, par une application systématique de ce schéma type, la résultante d’une formation d’un nouvel individu par cette évolution.

Que l’on se comprenne bien, il s’agit bien de dire que les atomes, une fois globalisés, forment des protéines qui, elles même incluses dans un système, forment les fondements de la vie sous l’appellation d’ADN. Cette échelle se superposera à celle de la formation de la Terre pour aboutir à la formation de cellules, qui assemblées créeront un organisme vivant, qui, lui, sera partition d’un écosystème biologique.

Chose qu’il serait intéressante de souligner, c’est que cette biomasse ainsi formée ne permet pas à la Terre d’exister, comme nous savons très bien que la Terre est à l’origine de la biodiversité et non l’inverse. En ce cas, comment connecter l’ensemble des globalités entre elles ? Comment faire le lien entre ADN et galaxie ?

Tout dépendra de la direction de notre réflexion. Ainsi, j’aurais pu, avec cet exemple de l’atome, changer d’orientation et considérer le fait que cet atome soit le fondement de la matière. Que cette matière serait issue de poussière d’étoile – comme le Fer rejeté dans l’espace après la mort d’une étoile – et qu’elle aurait formée la Terre. Un point initial partagé par deux systèmes globaux mais dont la finalité est différente. L’un est environnement de l’autre, et chacun des deux systèmes se meut individuellement. Nous avons ici l’exemple d’individualité dans la multiplicité, et donc la preuve par deux que chaque système peut également être vu comme unicité.

En outre, nous pouvons avancer le fait qu’il existe non seulement de nombreux systèmes, mais que ces derniers n’ont pas forcément d’interconnexion, ni n’ont besoin de congénères pour approuver leur existence. Ils se développent parallèlement et se rencontrent en des points spatiaux-temporels ou idéologiques selon une loi naturelle : l’entropie.

Mais alors, où placer la mondialisation ?

A qui sert la mondialisation ? Si l’on conserve cette vision d’une dynamique perpétuelle de l’univers vers une évolution globalisante de ses composantes, l’on pourrait avancer la thèse selon laquelle elle servirait l’univers lui-même. Sans pour autant être totalement faux, ce n’est pas ici une vérité absolue. En réalité, elle sert l’humain qui, lui, à défaut d’avoir la chance de pouvoir bénéficier du choix de sa place, ne sert pas nécessairement l’univers.

Il lui est même inutile dans son sens le plus littéraire. L’Homme dépend de l’univers, mais l’univers peut – et l’a déjà démontré par sa propre existence – se passer de l’Homme. En ce quoi il est intéressant de demander : A quoi sert l’Homme ?

Pour y répondre, en conservant notre raisonnement, il faudrait appliquer la rhétorique inverse. L’Homme s’il ne sert pas l’ensemble des autres éléments, sert à ce qui suivra à l’Homme. De ce point précis découle la nécessité de comprendre à quel point la compréhension de la lutte est importante, car elle définira si notre entité (à savoir espèce la plus évoluée connue car observée et observable), est une finalité ou une continuité. Si l’Homme est utile à ce qui suivra, il devient maillon d’une chaîne d’évolution, une étape dans un processus de développement systémique. Lequel est lui-même exposé à sa propre évolution.

L’Homme sert donc à l’univers dans son évolution et la mondialisation servirait alors l’Homme, donc l’univers. La mondialisation est univers ? Pas forcément.

Il reste ici à savoir duquel passage de la localité ou de la globalité est bénéfique à notre évolution. Si l’Homme fonctionne vraiment comme le reste de l’univers, elle se confirme comme étant une avancée. Mais la composante du genre humain détient un droit de regard introspectif – et rétrospectif si tant est que l’on considère le développement économique comme une avancée – de l’univers, se comprenant lui-même et lui permettant d’être placé dans une position où il puisse rendre l’inéluctable, altérable.

Il faut ici définir plusieurs choses. La première étant l’univers à travers l’Homme. L’être humain est doté d’un certain intellect et, plus encore, peut par esprit comprendre un grand nombre de choses sur son environnement proche ou lointain – terrien ou extra-terrien. Cela fait de lui un élément perturbateur dans un système ordonné. Il est l’incarnation du non-établi, ou plutôt du chaos décisionnel dans ce qu’il connaît de son monde.

Ensuite vient le libre arbitre.

Exemple : Lorsque la fourmi va quêter de la nourriture, elle œuvre pour la colonie, car elle sait que c’est cette colonie même qui lui rendra en retour ce dont elle se servira pour subsister. Lorsque le loup solitaire chasse, il agit instinctivement pour nourrir son seul individu (ou sa portée, mais l’on considérera alors qu’elle fait partie de lui), et non les autres membres de son espèce. L’absence de nutrition amenant la mort, ces deux cas de figure sont obligatoires pour la perpétuité de l’espèce, et donc, vous l'aurez compris, celle de l'univers. 


Pour l’Homme, il peut choisir d’être fourmi ou d’être loup. Il peut donc choisir soit de nourrir la société par le biais d’un travail productif, d’un labeur agricole ou même la réalisation d’une œuvre, soit de se sustenter lui-même, ce qui sera ici la consommation ou le plaisir. Plus loin encore, il peut décider de ne pas se nourrir. C’est le cas lorsqu’il cherchera à provoquer ses pairs pour revendiquer une cause qui, d’un point de vu très primaire, lui apporterait satiété physique ou morale. C’est la grève de la faim. L’Homme, en ayant la possibilité de réaliser de manière exclusive et / ou inclusive ces trois types de survivance, a un choix primordial.

C’est cette composante même qui le place au rang d’acteur, mais également à celui de spectateur. A ceci près que l’on ne peut agir que dans la mesure de nos moyens ; il est possible ici d’agir, ce qui est suffisant. Ainsi, ce que l’homme peut observer dans son environnement, il peut s’en saisir et le modifier, le bouleverser. Il a même le choix de choisir entre l’une ou l’autre des dynamiques – constante ou entropique – locale ou globale.

Pourquoi distinguer les deux différents modèles lorsqu’ils ne se suivent pas forcément et ne s’opposent pas systématiquement ?

On l’a dit, les galaxies représentent cette globalité. Quid des astres solitaires, autant d’éléments locaux, observés aux abords de ces globalités. Prenons un autre exemple plus précis afin de comprendre la raison d’une telle existence : celui de la mesure par la règle.

La règle est un système global. Elle est l’addition d’un ensemble de points positionnés régulièrement sur sa tranche, formant, bout à bout, un ensemble de traits dont on se sert pour prendre une mesure. Chacun de ces points représente une localité. Il existe une localité à 1 centimètre du zéro, tout comme il en existe une à 10 centimètres, et ainsi de suite. C’est ici un système en deux dimensions dont on acceptera la limite comme étant celle de la règle et le zéro comme étant un point inexistant. La règle est donc systémique. Or, lorsque l’on mesure, on ne prend compte que d’un seul point. On fait donc fi du système.

La règle s’utilise et n’est utile que par l’observation d’une localité – d’un point. C’est une unicité, un individu, qui nous permet de rendre l’ensemble utile. Sans cela, l’outil de mesure perdrait de sa valeur d’outil et deviendrait désuet, ou plutôt inutilisable. Elle est donc l’exemple même de ce que la globalité est non seulement changeante en fonction de l’échelle – je peux prendre une règle d’1 mètre tout comme une règles de 20 centimètres – mais également inutile sans la considération en premier ordre de l’ensemble de ses points de mesure. Si la règle est donc un système global n’ayant pas réussit à s’absoudre de ses localités et qu’elle ne s’utilise en tant que système que de par ses localités, la règle est inexistante.

En d’autres termes, le local surpasse dans l’ordre d’importance le global. Il y a ici conflit d’intérêt entre l’un et l’autre, car l’un n’existe pas sans l’autre, et les deux sont forcément inexistants si on les prend individuellement (on a démontré précédemment que l’on pouvait prendre un système pour individu, le terme est donc possible pour ce cas ci). Ce paradoxe souligne une nouvelle question qui nous permettrait d’expliciter la condition de lutte entre les deux échelles.

A-t-on raison de parler d’importance ?


A priori, il existerait une importance selon la société humaine. Cela se voit lorsque se confrontent (nouvel exemple), les agriculteurs d’une localité régionale et une multinationale de l’agro-alimentaire aux enjeux plus vastes. Certes, l’on pourrait dire dans un premier temps qu’il s’agirait de défendre le patrimoine et le bien de chacun. C’est ici l’expression caractéristique d’un individu pensant et penseur dont l’objectif est le respect du bien commun, et donc de la communauté. On pourrait donc dire qu’il est bénéfique pour le système de conserver l’individu. Or, nous l’avons vu précédemment, cela est impossible car le système ne peut être et global, et local en même temps.

Comment savoir, donc – ou plutôt comment être sûr – qu’il existe une chose néfaste pour l’humanité en ce que la multinationale globalise, et, donc, ne fasse que suivre le cours de ce qui est suivi par l’univers ? La multinationale serait donc l’expression de cette dynamique évolutive, et le paysan sa composante dépendante vouée à s'y dissoudre ?

L’existence de cette firme justifie d’ailleurs le processus évolutif du système. Elle corrobore la loi universelle et s’inscrit dans la lignée de l’entropie que l’on pourrait qualifier de « sociétale ».

Définir une importance implique donc calculer des enjeux, mais surtout accepter le sacrifice d’entités au profit d’autres plus intéressantes pour le bien commun (puisque l’évolution est forcément bénéfique si elle n’est pas régression). C’est pousser à la perdition les faibles ou les moins chanceux tandis que l’on renforce l’individu dont l’évaluation aurait été la  mieux considérée. Phénomène facilement observable, s’il en est, dans une société régie par un capitalisme libéral : les pauvres deviennent plus pauvres et les riches plus riches.

Or, nous l’avons vu, l’Homme est penseur. L’Homme est choix. Parce que l’Homme est cet univers qui s’observe et qu’il agit sur son environnement, l’Homme est également l’univers qui a la possibilité de se  modifier lui-même. Doit-il considérer qu’il n’est pas continu et se mouvoir vers l’inconnu en brisant la chaîne de  la globalisation, ou plutôt conserver le schéma type pour s’assurer de la naissance d’une nouvelle entité dans sa société mondialisée ?

Le globalisme est-il l’avenir de l’Homme, ou bien sa finalité ?




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire